Une étude démontre que les jeunes femmes atteintes d'un cancer du sein peuvent donner naissance en toute sécurité

Mother holding her baby

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Il est possible d'interrompre l'hormonothérapie à des fins de grossesse sans augmenter le risque de récidive à court terme

Quelque 20 % des femmes atteintes d’un cancer du sein l’apprennent alors qu’elles sont en âge de procréer (The Lancet, August 2020). Les questions de fertilité et de grossesse constituent donc pour bon nombre d’entre elles une préoccupation essentielle. Les résultats de l’étude POSITIVE, également appelée BIG Time for Baby, seront présentés à l’occasion du San Antonio Breast Cancer Symposium 2022. Ceux-ci montrent que les jeunes femmes atteintes d’un cancer du sein et ayant interrompu leur hormonothérapie à des fins de grossesse ont pu le faire en toute sécurité. Le taux de récidive du cancer du sein chez ces femmes était similaire à celui des femmes n’ayant pas interrompu leur traitement, et la plupart d’entre elles ont pu concevoir et accoucher de bébés en bonne santé.

Le cancer du sein chez les jeunes femmes

La majorité des jeunes femmes atteintes d’un cancer du sein de stade précoce souffrent d’une maladie hormonodépendante dite à récepteurs d’œstrogènes positifs (ER+), ce qui signifie que les cellules cancéreuses sont alimentées par leurs propres hormones. Ces femmes reçoivent donc une hormonothérapie destinée à bloquer la production naturelle d’hormones afin de réduire le risque de récidive du cancer. L’hormonothérapie, qui peut être prescrite pendant cinq à dix ans, empêche toute grossesse pendant le traitement, car elle agit sur les ovaires.

POSITIVE, une étude académique d’envergure mondiale

518 femmes âgées de 42 ans ou moins et présentant un désir de grossesse ont participé à l’étude entre décembre 2014 et décembre 2019 et accepté de suspendre leur hormonothérapie pendant environ deux ans pour essayer de tomber enceintes. Elles ont également suivi une hormonothérapie adjuvante pendant une période de 18 à 30 mois avant d’interrompre leur traitement. L’étude a suivi des patientes provenant de 116 hôpitaux situés dans 20 pays répartis sur quatre continents.

L'étude est sponsorisée et menée par l’International Breast Cancer Study Group (IBCSG), une division de l’ETOP-IBCSG Partners Foundation, et par l’Alliance for Clinical Trials in Oncology en Amérique du Nord, en collaboration avec le Breast International Group (BIG). Le concept de l’étude a été lancé par le groupe de travail dédié à l’hormonothérapie au sein du BIG-NCTN (National Clinical Trials Network), puis développé et coordonné à l’échelle mondiale par l’IBCSG en vue de répondre à cette question essentielle pour les patientes et pourtant sans réponse jusqu'à aujourd'hui.

Le professeur David Cameron, président de BIG, déclare: « BIG est né de la conviction que la collaboration internationale est cruciale pour trouver des réponses aux questions pressantes qui touchent à la recherche sur le cancer du sein. Des études comme POSITIVE sont possibles uniquement grâce aux efforts de plusieurs intervenants, qui collaborent et échangent idées et ressources pour faire une réelle différence dans la vie des personnes atteintes d’un cancer du sein ».

Des premiers résultats encourageants

À ce stade, les chercheurs de l’étude ont constaté que le taux de récidive du cancer du sein (8,9 %) chez les femmes participantes était comparable à celui des patientes inscrites dans d’autres études (9,2 %). De plus, avec un total de 365 naissances, le taux de conception et de natalité des femmes participant à l’étude était similaire, voire supérieur à celui de la population générale. L’étude est donc encourageante pour les jeunes femmes atteintes d’un cancer du sein et qui espèrent peut-être avoir des enfants. Cependant, chaque femme présentant un cas unique, toute décision de ce type doit être prise en étroite consultation avec des professionnels de la santé. Les chercheurs continueront de suivre les femmes participant à l’étude POSITIVE pour évaluer le risque de récidive du cancer du sein à long terme et s’assurer que les patientes achèvent leur hormonothérapie après la pause prévue. Même si les résultats actuels sont fort encourageants, un suivi à long terme s’avère essentiel, le cancer du sein ER+ étant susceptible de réapparaître de nombreuses années encore après le diagnostic initial.

La professeure Olivia Pagani, membre de l’IBCSG et investigateur principal de l’étude POSITIVE au niveau mondial, explique que « Les premiers résultats de l’essai POSITIVE confirment que la grossesse est un objectif réaliste pour les femmes atteintes d’un cancer du sein hormonodépendant, et brisent définitivement le tabou selon lequel avoir un enfant est susceptible d’augmenter le risque de récidive du cancer. Le projet familial, brusquement interrompu par la maladie, peut être rétabli en toute sécurité ».

Le professeur Richard Gelber, membre de l’IBCSG et statisticien principal de l’essai POSITIVE, ajoute que: « La collaboration internationale était nécessaire pour répondre à cette question importante. En effet, partout dans le monde, de jeunes femmes atteintes d’un cancer du sein choisissaient d’interrompre leur hormonothérapie afin de mener leur grossesse à terme, sans savoir si cette décision n’augmentait pas le risque de récidive du cancer du sein. Les résultats de l’essai POSITIVE peuvent rassurer ces femmes et leur permettent désormais de décider en connaissance de cause si elles veulent ou non avoir un enfant ».

Veuillez trouver le communiqué de presse publié par San Antonio Breast Cancer Symposium ici.

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